Décryptage : l’éolien, une énergie qui divise
mercredi 30 juin 2021
L’énergie éolienne est une énergie que l’Homme utilise depuis la nuit des temps : bateaux à voiles, moulins à vents… La seule énergie du vent nous a permis d’accomplir bien des choses dans le passé.
Fin XIX° siècle, les premiers prototypes d’éoliennes tels que nous les connaissons aujourd’hui apparaissent ; aujourd’hui ces énormes tours à hélices font partie du paysage européen depuis un bon moment.
En France, la part de l’éolien dans la production d’électricité du pays était d’environ 9% en 2020. La production éolienne ne cesse de se développer dans le pays pour ainsi espérer suivre le modèle de l’Allemagne, qui pour la première fois en 2020 a produit la majeure partie de son électricité grâce au secteur éolien, soit 25,6% de son électricité totale.
Mais voilà, en France, l’éolien est une énergie qui divise fortement. D’abord parce que beaucoup de personnes estiment qu’elles gâchent le paysage, et peu ont envie d’observer ces grandes tours métalliques depuis leur terrasse. En plus d’être accusées de dénaturer le paysage, bien d’autres arguments les accablent : on leur reproche d’être inutiles, voire même contre-productives ; les éoliennes ne fonctionneraient en effet qu’un quart du temps, et seraient construites à partir de matériaux non-recyclables ayant un impact sur la biodiversité.
Aujourd’hui avec Green Key Immo, on décrypte un à un ces arguments qui fâchent, et on vous montre que l’énergie éolienne est loin d’être un pari perdu.
Des éoliennes qui ne fonctionnent pas?
Effectivement, les éoliennes ne fonctionnent pas 100% du temps. Pour les éoliennes terrestres, elles sont utilisées 25% du temps, et 40% pour les éoliennes en mer. L’un des principaux arguments anti-éolien est donc le suivant : les éoliennes sont inutiles et coûtent plus cher qu’autre chose.
Mais vous êtes-vous déjà posé la question de pourquoi ces éoliennes ne fonctionnent pas toujours à plein régime ?
Il y a d’abord une question de force du vent, bien entendu : les éoliennes ne tournent pas en cas de vitesse trop faible du vent et encore moins en cas de vent fort, par sécurité. Il y a volonté d’éviter toute détérioration qu’une tempête pourrait causer.
Quand le vent est trop faible (entre 3m/s et 5m/s), il n’est pas forcément distribué de façon égale entre toutes les éoliennes d’un champ. Celles qui sont plus en hauteur, plus en bordure de champ, tournent plus facilement, alors que celles proches d’arbres (ou autre obstacle au vent), ou localisées dans un creux, attendent de recevoir plus de vent pour tourner.
S’ajoutent à cela les réguliers travaux de maintenance et de réparation, cause plus minime mais qui nécessite un arrêt ponctuel des éoliennes conformément à la réglementation.
Un champ d’éolienne produit donc entre 20 et 25 % de l’énergie maximum qu’il pourrait produire en tournant à son optimum à plein temps, et c’est tout à fait compréhensible si on en connaît mieux son fonctionnement.
On pourrait donc déduire de ces arguments que développer l’énergie éolienne augmente les émissions de gaz à effet de serre : certes, lorsque les éoliennes ne tournent pas, il faut alors laisser place à d’autres sources d’énergie pour assurer la production d’électricité.
On fait donc appel aux autres énergies renouvelables en priorité (solaire, hydraulique), puis au nucléaire pour enfin puiser dans le gaz et le charbon. Donc mathématiquement, en dépit du fonctionnement partiel des éoliennes, plus on en construit, moins les centrales gaz charbon voire même nucléaire seront sollicitées.
Les éoliennes, cause de mortalité animale
Un des autres arguments contre les éoliennes mentionne une augmentation de la mortalité animale dans les secteurs où se trouvent des champs éoliens.
Les éoliennes détruiraient ainsi la biodiversité et notamment plusieurs espèces d’oiseaux, qui se feraient déchiqueter à travers les pales des éoliennes. Selon une étude de La Ligue de Protection des oiseaux, un parc éolien tuerait en effet en moyenne entre 0,3 et 18 oiseaux chaque année.
Si on devait comparer cela avec nos amis les félins, principaux prédateurs de ces animaux, un chat tuerait en moyenne 5 à 10 oiseaux par an.
Pour aller jusqu’au bout et faire un calcul, il suffirait de compter le nombre de parc éoliens en France (un peu moins de 2000 sites), puis le nombre de chats domestiques (plus de 14 millions) et on se rend ainsi vite compte sans besoin de faire de calcul que l’impact éolien est moindre comparé à celui de nos petits amis. Pas sûr que les éoliennes soient la principale cause de mortalité des oiseaux, elles en sont même loin.
Un des autres fléaux de ces méchantes éoliennes est la mortalité des troupeaux de vaches. En effet, plusieurs cas d’augmentation de morts prématurées des vaches auraient surgi après l’implantation d’un parc éolien non loin de leur milieu de vie ; là encore, des chercheurs se sont rendus sur place, ont menés plusieurs études et n’ont pas réussi à trouver de lien concret entre les éoliennes et l’augmentation soudaine de la mortalité dans les troupeaux.
Des éoliennes censées produire de l’énergie verte construites elles-mêmes à partir de matériaux non-recyclables ?
On reproche aux éoliennes d’être construites à partir de matériaux rares, qui plus est non recyclables ; penchons-nous sur la question. En effet, on utilise du cuivre pour construire des éoliennes, un métal rare dont la disponibilité touche peu à peu sa fin ; aussi utilisé dans les téléphones et autres appareils électriques de toute sorte, ses réserves s’épuisent à toute vitesse.
Les éoliennes sont en effet extrêmement difficiles à recycler : les pales actuellement fabriquées sont constituées de matériaux composites à base de fibres de verre ou de carbone, des matériaux compliqués à recycler.
Pour remédier à ce problème, les Etats-Unis enfouissent dans le sol leurs pales d’éoliennes usées. On a même pu voir sur Internet récemment une photo de ce cimetière d’éoliennes circuler et être détourné : un internaute a fait un tweet en dénonçant que ce cimetière se trouvait en Allemagne, ce qui a contribué à rependre la fake news.
Cependant, en Allemagne, en France et plus largement en Europe, la législation est totalement différente et beaucoup plus stricte concernant le recyclage des matériaux. Un tel cimetière d’éoliennes n’est par exemple pas possible en Allemagne.
Le ministère allemand de l’Environnement a confirmé l’existence d’une législation mettant à la charge de l’exploitant le démontage et recyclage des éoliennes, dont plusieurs documents le prouvent.
En Allemagne, il n’est en outre plus possible depuis 2005 de mettre en décharge des plastiques renforcés en fibre de verre, base de la fabrication des pales.
En France, la législation est similaire ; rien pour le moment n’interdit d’enfouir des pales d’éoliennes usées dans le sol, cela pourrait en effet être fait en cas de “dernier recours”. Cependant, enfouir ou mettre en décharge des pales d’éolienne deviendra impossible à compter du 1er janvier 2022, dans le cadre de l’application de la loi anti gaspillage.
Les éoliennes sont certes très complexes à recycler, mais le maximum de moyen est mis en œuvre pour éviter la pollution de celles-ci une fois qu’elles deviennent inutilisables.
Des éoliennes qui polluent le paysage
Enfin se pose chez les anti-éoliens un argument esthétique, mais aussi facteur de bruits parasites. Les éoliennes dénaturent le paysage et pourrissent la vie de ceux qui y habitent tout près.
La distance minimale d’éloignement entre un mat éolien et une habitation est de 500 mètres quelle que soit la taille de la commune, elle est définie à l’article L. 515-44 du Code de l’environnement.
Les habitants proches d’une éolienne se plaignent tout d’abord de la vue. Quoi de plus moche qu’une éolienne ? En réalité, beaucoup de choses, si on y réfléchit : préféreriez-vous vivre à côté d’une éolienne ou à côté d’un gros bâtiment qui rejette de la fumée sans arrêt ?
Un autre argument est son bruit : une éolienne, lorsque qu’on se poste juste en dessous, fait effectivement du bruit. Cependant, à 500 mètres, il est quasi–inaudible, parfois peut être si le vent le porte et si les fenêtres sont ouvertes. Maintenant, il faut encore relativiser l’argument. 500 mètres de distance minimum entre une habitation et une éolienne, 100 mètres minimum entre une habitation et une autoroute. Bien que des normes réglementaires aient été mises en place concernant le bruit près des autoroutes, c’est dans la majorité des cas tout de même plus élevé que le simple bruit d’une éolienne.
En effet, les règlementations en vigueur concernant le bruit généré par les autoroutes fixent un maximum de 60 décibels le jour et 55 décibels de nuit. A 500 mètres d’une éolienne, selon une étude de valorem Energie sur l’acoustique de ces dernières, le bruit généré s’élève à 35 décibels, soit l’équivalent d’une conversation chuchotée. Au pied d’une éolienne, le bruit s’élève à 55 décibels, soit le bruit de l’intérieur d’une maison.
Les éoliennes sont-elles si bruyantes que ça au final ?
Enfin, un dernier point de gêne potentielle qu’il faut là encore apprendre à relativiser : l’ombre incessante des pâles qui passent en face des fenêtres. Quand on prend en compte le mouvement du soleil, on s’aperçoit que cette ombre n’est présente que 45 minutes par jour, 3 mois dans l’année.
Bien des arguments incriminent les éoliennes au dépit de la constatation de leurs véritables résultats : en France, c’est 17 610 méga-watts de puissance totale raccordée en 2020, faisant de la France le 4ème parc éolien d’Europe.
Les objectifs nationaux sont d’atteindre 24600 méga-watts en 2023, et entre 34 100 et 35 600 méga-watts d’ici 2028. En effet, Emmanuel Macron avait dès le début de son mandat indiqué sa volonté d’investir davantage pour l’éolien terrestre : “A l’horizon 2030, la production du parc éolien terrestre sera triplée et la quantité d’énergie produite à partir du photovoltaïque multipliée par cinq”.
Des projets de mise en place de parc maritime émergent également sous son mandat, même si rien n’a été réalisé jusqu’ici à ce niveau-là. A côté de Saint Brieuc, en Bretagne, un chantier de parc éolien maritime est néanmoins en construction depuis début mai ; il comportera 62 éoliennes et devrait voir le jour d’ici octobre. Les objectifs de l’éolien posé en mer sont à 2400 méga-watts en 2023 et entre 4 700 et 5 200 méga-watts d’ici à 2028.
La reco de Green Key Immo Pour rester dans le thème, on vous propose d’aller regarder “The Boy Who Harnessed The Wind”, un film de 2019 par Chiwetel Ejiofor. Un film touchant basé sur une histoire vraie, racontant comment avec l’énergie du vent un garçon Malawi de 13 ans a réussi à sauver son pays de la famine.