Le protocole de Kyoto, une fausse bonne idée ?
Il y a plus de 20 ans a été adopté le protocole de Kyoto, le fameux protocole visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de toute la planète. Aujourd’hui, Green Key Immo rentre un peu plus dans les détails de cette action mondiale pour le climat pour vous expliquer pourquoi ce protocole de Kyoto n’a – quasi – pas marché.
Tout d'abord... qu'est ce que le protocole de Kyoto ?
Le protocole de Kyoto, c’est un engagement personnel de pays volontaires souhaitant réduire rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre. Chaque pays signataire se fixait un objectif en fonction de ses capacités, basé sur les niveaux d’émissions de 1990. L’Europe visait par exemple 8% en moins répartis sur l’ensemble de son territoire, le Japon 6% ou encore les Etats-Unis, eux, visaient 7%.
Le but final était ainsi d’atteindre une baisse généralisée de 5% pour les plus gros pollueurs de l’époque. 190 Etats en sont signataires.
L’heure du bilan sonnera en 2014. Alors, a-t-on réussi le pari du siècle ? Chacun a-t-il respecté ses objectifs ? Vous vous en doutez… OUI ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, le résultat montre une chute des émissions de 24%, on pulvérise l’objectif des 5% fixés !
On a presque envie de ne pas y croire, et on aurait raison ; en effet, il y a bien des vices cachés et des facteurs qui faussent ce résultat, qui apparaissent ainsi comme un voile devant nos yeux.
Mais alors, çà n’a pas marché ?
Et bien non. Voici donc la face cachée de l’iceberg :
De multiples abandons
Déjà, dès 1997, les USA refusent finalement de ratifier le traité. Aïe, çà part mal. A peine le projet commencé, le plus gros émetteur mondial s’en désiste.
S’en suivra en 2011 le Canada qui marchera dans les pas des Etats-Unis puisque le pays abandonnera également sa promesse, prétextant que l’application du protocole lui couterait trop cher, les objectifs étant selon lui irréalistes, et mettrait en péril son économie et ses emplois.
L’une des premières limites du protocole de Kyoto était qu’il laissait libre choix au pays signataires d’en sortir à tout moment, sans aucune contrainte derrière.
Des chiffres corrompus
1990, l’année sur laquelle se basent les calculs des émissions, c’est seulement un an après la chute du mur de Berlin. La fin des régimes communistes et de la Guerre Froide entraînent ainsi la chute des industries en Europe Centrale ; ces industries ont donc beaucoup moins produit et leurs émissions ont chuté par rapport à 1990.
En 1997 lors de la signature du protocole de Kyoto, la République Tchèque émet déjà par exemple 30% de CO2 de moins qu’en 1990 ; la Bulgarie et la Roumanie, c’est 50%.
Le résultat final, en prenant en compte le retrait des USA et du Canada ainsi que la situation de l’ancien bloc soviétique, n’est plus le même du tout ; en définitive, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 6,4%.
Mais alors, comment marchait ce protocole de Kyoto ? Pour rentrer plus dans les détails, qu’est ce qui a réellement conduit à une augmentation telle des émissions de gaz à effet de serre ?
Vous avez surement déjà entendu parler des permis d’émission de CO2. Dans les faits, chaque pays répartissait ces permis d’émissions aux entreprises de son territoire. Mais le protocole de Kyoto prévoyait également un système d’échange de ces permis.
Concrètement, la démarche semble bonne : les entreprises qui respectent leurs quotas d’émissions et à qui il reste des permis à la fin de l’année (suggérant qu’elles ont moins pollué) pouvaient choisir de revendre ces permis à d’autres entreprises. D’une manière logique, les entreprises ayant moins pollué étaient récompensées par la revente de leur permis, et les plus gros pollueurs devaient payer plus pour polluer plus.
Cependant et une fois de plus, ce système qui au départ semblait une bonne solution devient un cauchemar à partir du moment où le prix de la tonne de carbone chute ; au lancement de la bourse carbone en 2005, le prix d’une tonne de carbone tournait autour de 30€. Polluer devient alors vite très couteux et dissuade les entreprises d’acheter des permis carbones en plus.
En 2008, c’était à 3€ qu’on pouvait acheter une tonne de carbone. En 3 ans, la tonne de carbone perd de 10 fois sa valeur. Il y a bien un problème qui se pose ici : il est presque devenu rentable pour les entreprises de polluer plus.
Encore aujourd’hui le prix de la tonne de carbone dans certains pays reste scandaleux : en décembre 2020, c’était autour de 1,36$ que tournait la tonne de C02 en Chine, dans la région de Fujian.
Pour prendre un exemple de l’absurdité des mesures de ce protocole, on peut parler d’ArcelorMittal, le boss de la sidérurgie. Entre 2008 et 2011, l’entreprise a reçu 352 millions de tonnes de CO2 sous forme de permis d’émissions. Or, avec la crise de 2008, l’entreprise a fortement réduit son activité pour n’émettre au final sur cette période (que) 228 millions de tonnes de C02.
Résultat, encore une fois, ArcelorMittal a vendu une grosse partie des permis restants, empochant un petit (gros) pactole de 211 millions d’euros. Polluer beaucoup, c’est en effet rentable !
Fin 2012, le protocole de Kyoto touche à sa fin. Il a par la suite été reconduit jusqu’en 2020, toujours sur la base des chiffres de 1990. Mais, en l’absence de ratification de la Chine, de la Russie, du Japon, du Canada et des États-Unis, seuls 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont concernées. Seuls l’Union Européenne, la Croatie et l’Islande et huit autres pays dont l’Australie, la Norvège et la Suisse ont signé. C’est peu et on tourne en rond.
Quels changements en 2021 ?
Au 31 décembre 2020, la prolongation du protocole de Kyoto prend fin pour laisser place à ce qui avait été décidé lors de la COP21 à Paris. Cependant, toutes les conditions et les règles de cet Accord de Paris n’ayant pas été totalement fixées, on compte sur la COP 26 prévue pour fin 2021 pour terminer le travail. Cet accord de Paris vise à maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter encore davantage l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius.